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La datcha hantée
18 mars 2012

Un lion chez les scribes

À se montrer si proche du vulgum pecus et si pressé d’en adopter les usages les plus contraignants, il avait plu tout le samedi et l’on sentait l'assemblée frémissante à seulement décliner les courtes syllabes d’un nom si grand. Au fil insécable des heures, l’enchanteresse nouvelle s’était répandue comme la Volga en avril, lorsque les cristaux de neige abandonnent de leur superbe et retournent à leur état premier, tel Cincinnatus à sa charrue. Il arrive, il arrive ! Et ce fut comme l’annonce d’une martiale épiphanie. Les humbles scribes affolés se cachaient derrière les portes et longeaient les murs du corridor, craintifs surtout de le croiser. Convenait-il de le saluer, et de quelle façon ? Comme Bouvard et Pécuchet dans un célèbre passage apocryphe dû à une plume obscure, les pauvres s’entraînaient de concert à des manières de révérences. Certains y excellaient, d’autres trébuchaient, entravés qu’ils étaient par une épée de cour louée pour l’occasion. Mais le grand homme, dont la modestie ne laissait pas  d’être louangée partout, préférait sans doute un traitement plus démocratique. Fallait-il entonner un hymne ? Lequel ? L’alphabet en canon leur semblait un peu bref. Et le buffet ? Les dames arrêtèrent leur choix. Des mille-feuilles, et des meilleurs. Quant au vin, ces messieurs penchaient pour un excellent Falerne. Ce serait Capoue ou rien, nom d’un chien !

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