Tonton Jean-Loup Tonton Jean-Loup est un oncle à

Tonton Jean-Loup

Tonton Jean-Loup est un oncle à ermitage. Il s’est un jour et pour toujours promis à lui-même de fuir le monde qui aurait la sottise de ne pas venir à lui. Hélas de nos jours les colporteurs se font rares, aussi Tonton Jean-Loup se trouve privé de tout, et surtout de l’essentiel. Mon cœur se serre à entendre ses plaintes. Pensez qu’il ne possède pas seulement un pantalon de rechange ! Mais le pire n’est pas là. Le plus tragique est son refus de profiter des bons moments de la vie. Il y a quinze ans de cela, j’étais encore toute gamine et très gaffeuse. « Tonton, viens donc avec moi à la Sorbonne pour la soutenance d’HDR de Régis D., moi je l'aime bien, il est trop sympa, le pot qui va suivre sera somptueux, et puis tu le connais, on va drôlement bien se marrer ! ». Quelle maladresse ! Je savais pourtant que mon Tonton n'a jamais eu envie de se marrer. Jamais. J’y suis donc allée seule et m'y suis tout de même beaucoup amusée. Pour  plaire au jury sans doute, Régis D. s’était grimé en Victor Hugo. Il remporta un beau succès. Depuis ce jour mémorable, c’est d’ailleurs devenu son costume de scène favori. Le lendemain, Tonton en pleura de rage en lisant la chronique mondaine. C'est triste, mais le pauvre ne saura jamais en qui ou en quoi se déguiser, ni même se mettre un peu à son avantage. J'essaie de lui glisser gentiment que son éternel polo noir à manches courtes est définitivement has been et que dans un boulot comme le sien, une bonne présentation est primordiale. Peine perdue. Comme on dit à Narva (Estonie), nul n'a jamais fait avancer un cheval qui recule.