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La datcha hantée
25 juin 2012

Jean-Loup Fauvette à l’œuvre Reprenez Au fond à

Jean-Loup Fauvette à l’œuvre

Reprenez

Au fond à gauche le bureau de Monsieur les murs tendus de soie bleu natté des livres partout mais surtout les siens et des tas de dossiers remplis de papiers empilés sur le tapis c'était défendu d'y toucher et comme Monsieur était très à cheval sur l'étiquette chaque tas avait la sienne par exemple orthodoxe correct sans plus à démolir nul à c... c’était un système pour s’y retrouver dans ses projets ditoriaux oui en plus de ses écritures il avait son autre travail très prenant donc des grosses enveloppes arrivaient tous les mardis des quatre coins de la sphère le facteur en avait sa claque de les trimbaler il fallait voir le paquet  au bout de ne serait-ce qu’un mois ça représentait quand même une quantité industrielle Monsieur piochait dedans et choisissait les histoires les mieux tournées selon son idée pour après les faire imprimer mais son rêve c’était de trouver une combine pour rétrécir toutes ces pages au format timbre-poste il disait une supposition qu' un jour le livre pèse moins qu'une mouche les gens pourraient en acheter à tire-larigot les emmener dans leur poche et même quelquefois les ouvrir c’était devenu son obsession mais en attendant tous les mardis Madame devait supporter les grosses colères de Monsieur quand les nouvelles enveloppes arrivées par la poste ne lui plaisaient pas il hurlait France ta littérature fout le camp  je dois ajouter quelque chose qui m'est resté gravé chaque fois qu'un auteur avait le malheur de raconter que son personnage grignotait un biscuit, un petit four ou n'importe quoi d'ailleurs ça mettait tout de suite Monsieur dans des rognes épouvantables je me rappelle il y en avait un gentil comme tout qui était venu lui rendre une petite visite de politesse il aurait mieux fait de rester chez lui  parce que justement la faute à pas de chance ce monsieur-là aimait tellement le mot grignoter  qu'il s'arrangeait toujours pour le glisser une ou deux fois entre ses lignes ni vu ni connu c'était son truc chacun le sien n'est-ce pas Monsieur ne s'en était jamais aperçu jusque-là et puis tout d'un coup allez savoir comment il les a vus et a pris ça comme une trahison c'était terrible il est devenu tout rouge il trépignait de rage portes claquées et tout le tremblement ce jour-là je m'en souviens c'était un mardi à croire que comme disait  Madame  le mardi c’est maudit bon pitié un peu de répit

AlfonsineCapture d’écran 2012-06-25 à 09

 


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